Amelie Labourdette – Un pur esprit s’accroît sous l’ecorce des pierres

Amelie Labourdette

Nov 2022

DU 9 NOVEMBRE AU 9 DECEMBRE 2022

avec les contributions de Maïtéa Miquelajauregui, Élodie Issartel & Marie-Bénédicte Cazeneuve et Camille de Toledo

Commissaire / Gabriela Anco

Image 1 : Amélie Labourdette, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres. Forêts du Dévonien / Forêts fossiles de Catskill, 2022. Feuillages d’Archaeopteris, Complexe du Delta de Catskill. Collection de Paléobotanique, New York State Museum, Albany NY.

Image 2 : Amélie Labourdette, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres. Forêts contemporaines / L’esprit de la forêt, 2022. Forêt moussue, forêt communale de Noidant-le-Rocheux, Haute-Marne, France.

Conçue pour la Galerie Michel Journiac, l’exposition Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres présente des œuvres photographiques de l’artiste française Amélie Labourdette, résultat de ses recherches au sein du New York State Museum à Albany NY. L’exploration détaillée de la Collection de Paléobotanique a permis à Amélie Labourdette la saisie photographique de vestiges fossiles des plus anciennes forêts sur Terre trouvés à Gilboa et à Cairo datant du Dévonien Moyen (385 millions d’années). Conjointement à cette exploration, la recherche de l’artiste s’est enrichie d’un travail photographique réalisé au cœur de plusieurs forêts contemporaines en France et aux États-Unis.

Premier volet de son projet plus vaste intitulé Ghosts & Monsters, cette exposition cherche à développer des récits alternatifs en nous indiquant des voies futures d’éco-collaborations avec notre biosphère. À l’image du vers éponyme du poème de Gérard de Nerval, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres célèbre un pluralisme ontologique dans son effort pour reconnaître une forme de sensibilité et de subjectivité aux entités naturelles non humaines, ici les forêts.

L’exposition s’articule autour de la mise en écho de deux corpus d’images, chacune étant la matérialisation photographique d’une temporalité plus qu’humaine – l’une témoignant de la mémoire ancestrale des forêts originelles du Dévonien, l’autre révélant le spectre vibrant de forêts contemporaines – chacune se réverbérant dans l’autre. L’espace d’exposition est alors pensé comme le corps mémoriel et vibrant – en couches subtiles entrelacées – de la forêt.

En poursuivant le désir de conférer une présence sensible aux entités des forêts primordiales de Gilboa et de Cairo, ainsi qu’aux entités de nos forêts contemporaines, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres cherche à leur donner « corps », mais également à les investir de « voix » et de « récits ». Dans cette optique, Amélie Labourdette combine à la photographie au sein de cette exposition l’écriture et le son en invitant quatre autres artistes à collaborer.

Maïtéa Miquelajauregui présente son projet sonore MOHO dont l’intention est de nous faire appréhender l’entité Terre, en nous faisant ressentir les activités sismiques de notre planète qui, pareilles à des pouls, remplissent l’espace d’exposition d’un spectre de sensations sonores et physiques.

Traducteurs des voix des forêts, les deux auteurs Elodie Issartel et Camille de Toledo deviennent les intercesseurs de ces entités.

« Nos élans sont les flèches de votre avenir » mis en poème par Elodie Issartel et mis en voix par Marie-Bénédicte Cazeneuve convie les spectres des forêts primordiales de Gilboa et Cairo. Leur témoignage nous rappelle que le monde au sein duquel nous vivons n’aurait pu exister sans leur présence.

En outre, « le discours des forêts européennes devant les Nations unies en 2024 » de Camille de Toledo déploie un récit, celui d’un « soulèvement légal de la Terre », en convoquant les voix des forêts contemporaines.

Dans l’esprit du gesamtkunstwerk, l’exposition forme un écosystème de corps et de voix, elle s’inscrit dans le sillon des recherches actuelles concernant la Jurisprudence de la Terre pour laquelle il est question d’étendre le politique au niveau du Cosmos-Politique, de prendre en compte les non-humains comme Sujets de droits dans un « parlement élargi ».