Du 19 au 30 Septembre 2023
PerformanceS-Express est une exposition rétrospective du travail performatif de l’artiste Nicolas Fenouillat.
51 vidéos de performances présentées dans cette exposition au travers de téléviseurs et vidéos projetées avec des oeuvres objets activées ou à réactiver.
Vernissage le 19 septembre 2023 à partir de 18h,
avec la performance “On efface tout on recommence” à 19h30 à la galerie Michel Journiac ( 47 rue des Bergers 75015 Paris ).
Artiste plasticien et musicien, Nicolas Fenouillat considère la musique comme un volume sonore éphémère. Si sa pratique donne lieu à des objets plastiques, il y connecte souvent le souvenir entêtant de la rythmique mathématique des percussions qu’il décline dans une série de performances qui sont devenues un médium de prédilection. Certaines donnent lieu à des installations qu’il active à son gré et dont l’ossature reste inerte jusqu’à son prochain passage. Cette exposition est la rétrospective d’un travail performatif qui a donné lieu à pas moins d’une cinquantaine de prestations, retransmises ici par le média du film.
Parmi les performances sélectionnées figure Iron Man, débutée en 2016 au Louvre. Vêtu d’une armure du XVe siècle, l’artiste traverse l’assistance, un ghetto-blaster sur l’épaule, pour s’installer par la suite à sa batterie et y jouer le morceau Iron Man du groupe Black Sabbath. Réminiscence astucieuse, la partie supérieure de l’armure est suspendue aujourd’hui comme un ornement mural bienveillant dont le pendant, Des voltes, constitué de plaques de tôle poncées de manière circulaire par l’artiste, figure l’interprétation schématique d’une batterie. Sortir le métal, en physique et en rythmique. La projection des différentes itérations de cette performance révèle les jeux de variations chers à Nicolas Fenouillat. Les modulations engendrées par l’exercice de la répétition répondent aux caractéristiques acoustiques et géographiques spécifiques à chaque lieu, ainsi qu’à sa fréquentation. Cette confrontation au public est une condition majeure qu’apprécie tout particulièrement l’artiste, la musique étant un de ces langages universels qui produit une énergie de l’instant capable de capturer le spectateur.
Cette expérience d’un volume poétique, l’artiste nous l’offre lors de la performance réalisée au cours du vernissage. Intitulée On efface tout et on recommence, elle met en scène Nicolas Fenouillat lors d’un solo de batterie. La particularité de cette performance tient des pigments colorés ramené de différentes régions du monde et répandus dans les toms, ces tambours propres aux ensemble de batterie. Le solo s’effectue au rythme d’une bande-son de réalités sociales, constituée du fond sonore de manifestations recueillis dans toute l’Europe et de feux d’artifices, mêlant jusqu’à l’indistinction crises sociétales et scène de liesse. Par-dessus, l’artiste joue une partition de batterie qui lui est propre, faisant s’envoler les pigments qui retombent en pluie sur la moquette qui tapisse le sol. Le dégradé qui colorie cette dernière devient le témoignage de cet instant joué. L’envolée du pigment donne d’ailleurs une nouvelle idée du volume que constitue la musique, s’élevant en dimension dans l’espace selon la puissance sonore transmise par le fût. Réalisée de nombreuses fois comme en témoigne l’autre moquette suspendue en arrière-plan de l’installation acoustique, l’artiste nettoie par la suite ses toms, ne laissant pour trace de la performance que le souvenir mémorable de son exécution et ce large rectangle duveteux teinté.
La constance de la batterie dans les performances de l’artiste se justifie par le rôle essentiel de cet instrument comme gardien du temps dans toute composition musicale. Ces temps se superposent et se confondent dans cette rétrospective qui fait se chevaucher les retransmissions des performances sans l’outil isolant du casque. La perturbation mutuelle qu’occasionne les sonorités de chaque vidéo mises en commun terminent de donner tout son caractère rétrospectif à cette exposition inédite.
Amélie Boulin