Le complexe du cul-de-sac

Commissariat : Étienne Bernard

Fév 2004

FÉVRIER 2004

Artistes : Tatiana Trouvé – Mathieu Copeland – Peter Goin – Guillaume Pinard – Bruno Rousseaud

La salle Michel Journiac, qui vient de s’ouvrir au sein de l’UFR Arts plastiques de l’Université Paris I, est conçue comme un Bureau d’hypothèses. Elle accueille deux propositions : Disconvenance proposée par Claude Lévêque, et Le complexe du cul-de-sac, proposition du critique Étienne Bernard.

La salle Michel Journiac, conçue comme un Bureau d’hypotheses, est un nouveau lieu pour la création contemporaine en région parisienne.
En effet, la volonté de décloisonner les espaces, d’introduire la cohabitation des propositions artistiques, d’associer professionnels et étudiants, chercheurs et artistes est une variation sur l’esthétique de liberté et de possible du site de création contemporaine parisien.

Deux propositions inaugurent alors cet espace, également lieu d’accueil pour les groupes de recherche de l’UFR et de rencontre pour des conférences mensuelles comme celle que donnèrent le 12 février Hervé Loevenbruck et Anne Roussel.

L’un des espaces, intitulé SDD (Support de Diffusion), a pour ambition de questionner les modalités de l’exposition.

C’est naturellement que Disconvenance s’intéressait à la pratique du vernissage.

Cette action proposée par Claude Lévêque, catalyseur et aiguilleur de l’opération, et les étudiants au terme de réunions de travail, s’articule autour du principe de la tabula rasa, principe déterminant du texte donné par Claude Lévêque à ses collaborateurs à l’occasion du projet :

« Fabriquer du rien / Établir du néant / Créer de l’absence / Univers zéro… Table rase […] Saturation et agitation dans le fragment de la salle Michel Journiac qui nous est reservé ».

Il s’agit en fait de repenser les codes du vernissage, de la réunion sociale : le visiteur se voit distribuer des tracts imprimés « Ça va ? », et coller des stickers blancs sur ses vêtements ; on lui fait entendre des sifflements, et on l’invite à se servir de la bière et du pain à même le sol. Tandis que son image est diffusée sur les murs.

Le vernissage vu comme une nouvelle Cène, l’inauguration comme une consécration dont les restes vont conférer à la salle un aspect et une odeur d’après la bataille pendant tout le temps de l’exposition. Le lieu artistique concu comme un espace de diffusion où les objets passent d’une main à l’autre, d’une place à une autre.

Un second espace nommé AOT (Activité d’Occupation Temporaire) rassemble autour du thème du « cul-de-sac » cinq artistes utilisant des médiums différents. C’est à Étienne Bernard que l’on doit la sélection de ces artistes.
Le « cul-de-sac » désigne des figures du blocage : le moment où l’action et la pensée deviennent hermétiques ou incompréhensibles, telles que cette route brutalement coupée photographiée par Peter Goin.
Sur le savon bicolore de Tatiana Trouvé des inscriptions en braille, plastiques et tactiles, recèlent un secret. Mais ce cul-de-sac n’en est pas un pour les aveugles qui, sachant lire le braille, auront accès au secret consigné dans les caractères du savon.

Clément Dirié 13 février 2004.