DU 19 AU 29 OCTOBRE 2010
Le spectateur de l’exposition d’Alexandre Périgot est invité dans un processus d’accumulation et de soustraction à imaginer les couleurs restantes et inventorier les fleurs disponibles pour une hypothétique révolution ou manifestation de rue.
Le titre de l’oeuvre d’Alexandre Périgot est une référence implicite aux révolutions de couleur ou révolutions des fleurs, dénominations adoptées pour définir la série de mouvements qui se sont développés dans les sociétés post-communistes d’Europe centrale et de l’est et d’Asie centrale, les mêmes mouvements révolutionnaires qui ont choisi comme symbole une couleur ou une fleur.
Au sol un parterre de tapis en bandes monochromes tissés dont les couleurs correspondent aux différentes révolutions et manifestations de couleur. Des tables présentent une grande collection de variétés de fleurs artificielles sauf celles déjà utilisées pour des révolutions, tels les oeillets, les roses et les tulipes.
Le spectateur est invité dans un processus d’accumulation et de soustraction à imaginer les couleurs restantes et inventorier les fleurs disponibles pour une hypothétique révolution ou manifestation de rue.
L’installation Jardin révolutionnaire avec moins de couleurs et plus de fleurs a été présentée en septembre à l’occasion de la Biennale de Lodz 2010 en Pologne, Place de l’Indépendance, dans une version éphémère avec de vraies fleurs déployées dans un espace de 350m2. Sa matrice, version domestique et durable, est exposée ici et maintenant à Paris pour la première fois.
L’approche frontale par l’art des questions sociopolitiques se soldant le plus souvent par des échecs dus au littéralisme, à l’académisme ou à la simple incompréhension de ce que sont les faits sociaux et politiques, on s’attendrait à ce qu’Alexandre Périgot prenne des chemins de traverse, des parcours obliques, inhabituels pour y échapper.
Si ses œuvres sont en effet surprenantes et décalées, elles n’en restent pas moins fortement ancrée dans une réalité à laquelle elles veulent au contraire revenir afin que l’on n’y échappe précisément pas, ce qui serait une démission ou un déni.
Travaillant sur plusieurs registres allant du comique au désespérant, Alexandre Périgot fait ressortir dans son oeuvre la platitude, l’inanité, mais aussi la volonté, la résistance, le refus de situations existentielles dont la problématique récurrente est de savoir ce que peut encore l’art dans un monde qui cherche continuellement soit à le bannir soit à l’asservir, puisqu’il est en dernière instance inutile et inutilisable.