Alain Declercq – État de siège

Commissariat : Xavier Franceschi

Jan 2001

DU 11 AU 19 JANVIER 2001

Vernissage le mercredi 10 janvier de 18h à 20h30

« S’il était une figure emblématique de la démarche d’Alain Declercq à retenir, ce serait incontestablement celle de la boucle. Une image de boucle correspondant à cette notion de réflexivité où tout élément, après un court détour, une brève envolée – où se succèdent exaltation, plaisir et voluptueuse déception – se voit renvoyé à lui-même de façon inéluctable.

Qu’il s’agisse de ses installations – Feed back microphone, 1998, dispositif sonore où le visiteur se voit agressé par des larsens qu’il provoque lui-même par ses propres déplacements – de ses vidéos – Démystifications, 1998 : par des coupures au montage (d’une simplicité désarmante), un personnage (l’artiste lui-même) shoote dans un ballon qui lui revient immanquablement sur le pied – de ses interventions – Crash cars, 2000 : deux voitures vides, sans chauffeur, effectuent deux cercles parfaits tout en se croisant (les deux cercles forment un 8) sans jamais se percuter – de ses photographies – Anti-héros, 1998 : dans un autoportrait, la main droite de l’artiste est transformée en une main gauche qui se trouve ainsi dédoublée – ou même de ses dessins – Faux en écriture : à l’aide d’un logiciel spécial, il conçoit et envoie des lettres élaborées uniquement à partir des propres lettres – et écritures – des destinataires – il est question de façon récurrente d’un retour sur soi, d’un sujet qui “s’autodétermine” (souvent en vase clos), d’un processus qui nous fait tourner en rond.

Cet éternel retour sur soi, ce redoublement, ne signifie pas pour autant la répétition, mais plutôt, une véritable “mise au carré”, un renforcement, une présence accrue où le réel, comme vu à travers des verres grossissants, se voit ainsi réaffirmé, magnifié. L’un des thèmes de prédilection de l’artiste concerne tout ce qui touche aux moyens de contrôle, voire de défense et de répression, mis en place par la société pour notre sécurité supposée.

Outre le fait que ces divers systèmes de (vidéo) surveillance et d’espionnage peuvent être reliés à cette perspective d’exaspération du réel – on lorgne, on focalise, et l’observé apparaît nécessairement démesuré – l’artiste , à nouveau, les retourne pour les utiliser à contre-courant dans la plus pure tradition de l’arroseur arrosé, en droite ligne de la fameuse pièce de Sophie Calle employant un détective privé pour obtenir un dossier sur ses propres agissements. »