Michael Snow – Video Fields

Michael Snow

Nov 2002

DU 4 AU 22 NOVEMBRE 2002

Vernissage jeudi 31 octobre 2002 de 16h à 19h

Vous franchissez la porte d’entrée de la salle d’exposition du campus de Fontenay. Un spot vous éclaire et le souffle d’un ventilateur anime votre visage. Pour peu que vous soyez attentif (ce qui n’est pas le cas de tous les visiteurs), vous découvrez sur un mur perpendiculaire à la porte d’entrée votre propre image quelques secondes auparavant, au moment même de l’entrée. Puis, au détour du mur aménagé au centre de l’exposition, vous êtes invité à contempler en vidéoprojection un grand champ d’herbe animé par le vent…

(…)

L’installation Video Fields réalisée par Michael Snow s’organisait autour d’une double projection vidéo siamoise représentant en plan fixe des champs caressés par le vent, et d’une retransmission en temps légèrement différé indexant le flux des personnes entrant et sortant de la salle d’exposition. Tout dans cette installation renvoyait le visiteur à la temporalité de son propre regard  : déplacements corporels traversant le plan fixe de la première image, et duplicité de la vision binoculaire qui, ne pouvant se synthétiser dans l’illusion d’une image stéréoscopique, devait osciller de droite à gauche, contraint d’accompagner le balayage entrelacé de la double image projetée sur l’écran.

Cf. Bernard GueltonIsabelle Vodjdani, «  Expositions Salle Michel Journiac 2002-2003  », dans  Revue Plastik n°3 – Le Temps des appareils, Publications de la Sorbonne, 2003 p. 123-168

“Seulement prendre une image n’est pas suffisant. Dans mon travail photographique, filmique, holographique ou vidéo, je n’ai pas tant été un «découvreur» qu’un « fabricant » ou un «transformateur» de sujets. 

L’émergence des idées qui sont derrière « Video Fields » date de mai 1995. L’intuition était de faire de la «projection» une force qui pouvait altérer les formes de ce qui était placé devant la caméra (ou peut-être ce serait la réalisation du film qui exercerait une force, force qui transformerait les deux dimensions en trois.) Le vent en était l’agent invisible. 

Avec «Video Fields», le désir de 1995 se réalisa.
Le travail comporte une image en deux parties : un paysage horizontal enregistré ailleurs et dans un temps autre, visité par des silhouettes verticales, images du spectateur réel du paysage. Chacun de ces sujets (paysage et silhouettes) sont pris dans la réalisation comme étant soumis à la même force invisible. Dans les paysages, c’est un vent marin naturel et imprévisible qui dynamise l’image mais la source de transformation des silhouettes est anticipée par une soufflerie qui est elle-même (avec la caméra vidéo et l’éclairage) une partie prenante de la réalisation. Une projection vidéo est faite en superposant partiellement les «champs vidéo». Le premier champ vidéo remplit les lignes impaires de la projection alors que 1/60ème de seconde plus tard, invisible à l’oeil nu, le champ 2 se glisse dans les lignes paires. Ceci, par contraste avec une image de film, est littéralement un champ d’énergie. 

La réalisation « Video Fields » est l’exemplification littérale d’un champ entrecroisé, d’une image vidéo binoculaire qui n’est pas en 3 dimensions, un paysage vu par deux yeux. Le mot champ est aussi utilisé en histoire de l’art pour décrire par exemple, certaines oeuvres de Barnett Newman ou Jackson Pollock. De nombreux artistes abstraits (Olitski, Noland, Bush) sont décrits comme des peintres «colour-field». 

Les champs décrits dans «Video Fields» sont des champs de plantes, herbes et fleurs. Ils deviennent des champs «all-over» d’énergie électronique, des éléments identiques en flux continuel.”

Michael Snow.